(par Georges CHARLES)
C’est en allant visiter, pour la première fois, le célèbre site des faux de Verzy sous la conduite de Georges Marie MÉLIN en juin 2000 que j’ai découvert, dans une allée très passagère menant à l’un des plus importants faux, une hache préhistorique.
Elle était à demi enterrée juste au milieu du chemin et des milliers de promeneurs l’avaient donc piétinée sans jamais s’en rendre compte. Je me souviens avoir dit à Georges Marie et à Martine, ma compagne, « Tiens, une hache préhistorique !» et l’avoir déterrée devant leurs yeux grâce à une canne ferrée. C’est un magnifique objet, probablement paléolithique, taillé dans du grès lustré de couleur jaspe et à la texture luisante, presque grasse.
C’est ce que l’on nomme une amande et comporte 21 éclats principaux orientés sur les deux faces, dans le sens dextrogyre. Elle a donc été taillée par un droitier comme plus de 98% des outils préhistoriques.
Elle mesure 14cm de long et 9cm de large dans sa plus grande largeur, elle est épaisse de 4,5cm dans sa plus grande épaisseur. Elle comporte un bulbe d’éclatement au talon et un éclat perpendiculaire à son axe sur le coté droit, juste à l’endroit d’une modification de texture et de couleur de la veine de grès. Elle a probablement dû, à cause de ce défaut de taille, être abandonnée sur place par son tailleur. Elle ne comporte aucune trace d’usure due à une utilisation. Il s’agit donc, quelle que soit sa beauté intrinsèque, d’un rebut de taille. Il est à noter que nous avons découvert, à relative proximité, de nombreux éclats provenant d’une veine similaire, éclats qui avaient également été abandonnés. Il existe donc une très forte probabilité pour que ce soit un atelier de taille de grès lustré situé sur le site des Faux de Verzy. A proximité du principal parking il existe également de nombreux éclats mais de silex blond.
Il est donc certain que le site des faux de Verzy était déjà fortement occupé pendant la préhistoire. La Montagne de Reims est très riche en ateliers de taille et de nombreux objets, dont des haches emmanchées dans des bois de cerf, ont été découverts par les poilus lors du percement des tranchées.