Une origine commune à tous
L’Homme a commencé par observer les animaux. Il s’est aperçu que la migration des animaux, le passage des bêtes sauvages, les couloirs de navigations des baleines ou dauphins correspondaient à des tracés bien précis. L’origine du Feng Shui se perd dans la nuit des temps et se trouve lié intimement à la médecine chinoise. Cette science du Vent et de l’Eau ne s’apparente-t-elle pas à celle qu’utilisait les anciens avec leurs baguettes de coudrier, les compagnons avec leurs bâtons, les maîtres d’œuvres avec leurs équerres, compas et cordes à nœuds ? Le Feng Shui ou art chinois pour trouver le bon endroit pour construire est donc lié aux deux forces fondamentales et indispensables pour l’être humain que sont l’air et l’eau ainsi que le Ciel et la Terre.
Feng Shui, Vastu Shastra, géobiologie, nous devrions plutôt parler d’une tradition universelle, dont les origines, que ce soit en Inde, Egypte, Tibet ou Chine, remontent à une source commune encore plus ancienne. Chaque peuple, chaque race a appliqué cette tradition à son lieu de vie, selon sa compréhension et sa connaissance de la matière et de l’esprit.
Le Vastu Shastra recommande l’utilisation de deux portes dans l’habitat et précise que l’énergie suit un cheminement du Nord Est au Sud Ouest ; le chemin de l’initié dans une Église ne correspond-il pas à cette tradition, puis qu’il entre par la porte Nord et ressort par la porte Sud. Autrefois le prêtre officiait le corps tourné vers le soleil levant et ne se retournait vers le couchant qu’à la fin de l’office. Aujourd’hui les fidèles entrent et sortent par la porte Ouest autrefois réservée au passage du cercueil.
Toutes les traditions se rejoignent et ce n’est pas par hasard que les compagnons ont inscrit le symbole du Tai Ji sur la Cathédrale de Reims. Et de la même manière, les moines de l’abbaye de Saint-Basles à Verzy ont placé cinq croix aux points cardinaux du village, en respectant les cinq couleurs de la médecine chinoise.
Les exemples du passé
On retrouve dans toutes les traditions des grands tracés liés au serpent, nommé Coalt chez les Incas, la Wuivre chez les celtes (cf. Vincenot), le Dragon vert chez les Chinois. Le symbolisme de la vierge Marie, le pied sur le serpent ou le dragon, est lié au symbole celte de la Mater qui maîtrise les énergies de la terre.
Dans la crypte de la Cathédrale de Chartres, on trouve une vierge noire, Notre Dame de Sous Terre, christianisation de la Mère Celtique, vénérée des anciens. A proximité se trouve le puits des Saints-Forts, quatorze cours d’eau souterrains se croisent dans le chœur de la cathédrale, mis en évidence dans le pavage par quatorze incrustations de marbre noir. Il en est de même pour les représentations de Saint-Michel, maîtrisant le dragon, symbolisant cette compréhension et utilisation des courants telluriques.
Il existe une statue tout à fait remarquable au dessus de la porte d’entrée de la chapelle St-Lye à Villedommange, il s’agit de La Virgo Paritura, vierge qui va enfanter.
Elle est représentée avec les mains posées sur son ventre rond, les pieds au dessus du soleil et de la lune.
Paris
La fondation de Rome ou de Paris répondent à d’anciennes traditions : l’origine du nom « Paris » tient au fait que, dans l’île de la Cité, se trouve une crypte dédiée à la déesse Isis (Par Isis).
Le Belvédère du Labyrinthe du Jardin des Plantes, à Paris, est quant à lui un exemple parfait des correspondances célestes et terrestres : « le dallage de l’esplanade réalisé par l’architecte Verniquet en 1786, permet par le raisonnement géométrique de cette triple enceinte, le codage suivant : cinq cercles concentriques traversés en leurs secteurs circulaires par des lignes brisées permettant, d’accomplir selon les quatre saisons, le cheminement au sol, le voyage de la projection de la Grande et Petite Ourse. »
Pyramides et temples
La pyramide du Louvre a été construite par l’architecte Pei, spécialiste du Feng Shui, qui avait auparavant construit la China Bank à Hong Kong, utilisant des formes appelées flèches secrètes, dont le but était de dominer la banque de Shanghai. Ce qui a amené un spécialiste de Feng Shui à poser deux canons sur le toit de ladite banque ! On trouve d’ailleurs en Chine de nombreuses pyramides ressemblant plutôt à celles du Mexique. Elles sont situées principalement dans la province de Shen Hsi et dans la région de Xian, les spécialistes les dateraient d’environ 3000 av. J-C.
Dans les temples égyptiens, le soleil venait frapper la statue de Ptah dans le Naos au solstice d’été. Lors des déplacements des grands temples comme Abou Simbel, ou Philae qui a été déplacé avec ses pierres sacrées, les égyptologues ont essayé de conserver ce principe.
A Denderah, on trouve d’ailleurs le plus ancien Zodiaque du monde (l’original se trouve au Louvre) qui a servi de modèle au tympan astrologique de Vézelay. On est frappé de retrouver les douze cryptes souterraines, en lien avec les douze signes du zodiaque, réparties également sur les quatre côtés du temple, dont les murs coïncident exactement avec quatre cours d’eau souterrains.
Si l’on remonte encore plus loin dans l’histoire, on découvre que certains monuments mégalithiques, comme Carnac ou Stonehenge répondaient à des données astronomiques précises.
De tout temps, l’homme a essayé de vivre en harmonie avec la nature, quelques soient les civilisations, on retrouve ce désir d’habiter, de construire son habitat ou ses lieux de cultes, ainsi que de laisser dans les pierres les traces de son savoir. Que les temples soient dédiés à Ptah, Zeus, Jupiter, Allah ou Jéhovah, ils respectent tous les mêmes règles d’orientation et de position, liées à un culte solaire qui se perd dans la nuit des temps. Le Chrisme, signe des petits chrétiens, reprend exactement la croix solsticiale, indiquant les huit Orients comme le Bagua des Chinois.
En Haute Savoie, près de Chamonix, se trouve un oratoire dédié à la Vierge construit sur un promontoire rocheux qui, pour les Chinois, représente tout à fait le dos du dragon. C’est une manière de prouver que le Feng Shui n’est pas un gris-gris oriental, comme cela est malheureusement décrit dans de nombreux ouvrages, mais la même et unique tradition des grands bâtisseurs.